Marre du béton, place à la terre crue ! Depuis le lancement de notre activité d’architectes à Fougères, nous mettons en avant notre engagement en faveur d’une architecture éco-responsable avec un impact limité sur l’environnement.

Chez Sensorium Architecture, on s’efforce de rechercher des matériaux alternatifs pour rendre la construction ou la rénovation d’un bâtiment la plus sobre et la plus économe possible.

Parmi nos matériaux préférés : la terre crue, utilisée depuis des millénaires dans nos régions et ailleurs, mais pourtant délaissée. Qu’est-ce que la construction en terre crue ? Quelles sont les méthodes utilisées ? Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? On vous dit tout.

Qu’est-ce que la terre crue ?

Il s’agit d’un matériau de construction composé d’un mélange de terre et d’argile, qui sert de liant au contact de l’eau. On utilise de la terre minérale, extraite en profondeur (sous la couche de terre végétale), riche en argiles, graviers et sables et sans résidus agricoles.

Contrairement à la terre cuite, utilisée en poterie, en céramique ou pour la fabrication de briques, la terre crue se tient naturellement après séchage à l’air libre. Cette méthode de construction est connue depuis des millénaires et on peut encore en admirer certains vestiges, comme la ville de Shibam au Yémen, surnommée la “Manhattan du désert”. Plus proche de nous et si on ouvre l’œil, on pourra apercevoir d’anciens corps de ferme avec des murs en terre crue lorsque l’on traverse nos campagnes bretonnes.

ville terre crue yemen

Pourtant, si l’on regarde autour de nous, le parpaing, le béton et l’acier sont largement majoritaires dans la construction des bâtiments (et aussi le granit, parce qu’on est en Bretagne !). La terre crue a été délaissée au 20ème siècle avec la révolution industrielle au profit de ces matériaux qui garantissaient la solidité des grands édifices et des ouvrages d’art. 

Elle constitue une alternative économique, efficace et écologique pour la construction ou la rénovation de bâtiments plus modestes. À l’heure actuelle, plus d’un tiers des habitations dans le monde sont en terre crue (surtout dans les régions du sud). 

Les différentes techniques de construction

On va parler un peu technique : bauge, adobe, pisé… ces termes n’auront bientôt plus de secret pour vous.

🧱 La technique de la bauge consiste à construire un mur en empilant des mottes de terre crue mélangée à des fibres végétales. Simple et robuste, cette technique demande surtout de la main d’œuvre et de la patience : il faut laisser sécher les portions de mur au fur et à mesure de la construction. Est-ce que c’est fiable ? Une partie de la Grande Muraille de Chine a été construite en bauge, donc oui, c’est fiable ! Et puis c’est cette technique qui fait tenir nos anciennes fermes bretonnes plus que centenaires.

🧱 Le pisé consiste à remplir des coffrages avec un mélange humide d’argile et de graviers (sans fibres végétales ajoutées), puis de compacter l’ensemble pour bâtir des murs porteurs épais d’au moins 30 cm et d’une hauteur pouvant atteindre 3 mètres. C’est l’ancêtre écolo du béton en quelque sorte.

🧱 Les briques de terre crue, également appelées adobes, sont pour leur part composées de terre fine, de sable et d’argile. Elles sont moulées à la main ou dans des petits moules en bois et servent à bâtir des murs porteurs avec la même technique de construction que celle utilisée avec des briques en terre cuite ou des parpaings (une succession d’alignements de briques et de mortier). les briques de terre comprimée (ou BTC) sont quant à elles plus sèches et comprimées dans une presse.

brique en terre crue
adobe

Le torchis, mélange visqueux de terre argileuse fine et de paille, s’applique pour sa part pour remplir sur une ossature de bois, puis est recouvert de chaux (une structure porteuse préalable est donc nécessaire). On le retrouve dans les maisons à colombage du nord et de l’est de la France par exemple. 

Quels sont les avantages de la terre crue ?

Écologique, fiable et peu coûteuse, la terre crue a de quoi séduire. Voyons ses atouts en détail :

  • C’est une ressource naturelle disponible en très grande quantité partout dans le monde
  • Elle est disponible localement (on peut même utiliser directement la terre excavée pour le futur chantier), ses coûts de transports sont minimes et son bilan carbone très faible
  • La terre crue est une ressource très peu chère, voire gratuite
  • Contrairement au béton, dont l’impact sur l’environnement n’est plus soutenable, la terre crue nécessite très peu de dépenses énergétiques et les chantiers sont exemplaires en termes d’éco-responsabilité, car ils ne laissent pas de déchets chimiques
  • C’est un matériau 100 % recyclable, donc particulièrement recommandé dans les projets d’éco-construction
  • Les techniques en terre crue sont parfaitement adaptées à la construction de maisons individuelles ou de bâtiments publics de petite taille
  • Au niveau esthétique, le rendu est naturellement doux et propice au bien-être
  • Ses propriété thermiques, acoustiques et physiques sont remarquables : la terre crue régule l’humidité, maintient le frais en été et résiste bien aux incendies
  • Compatible avec de nombreux autres matériaux, elle est idéale pour la construction d’extensions, la rénovation ou la restauration de bâtiments.

Et les inconvénients ?

Si, comme nous, vous êtes séduit par la terre crue, nous vous conseillons de prendre en compte ses deux points de vigilance avant de vous lancer dans un projet :

Le coût : la technique reste peu complexe mais nécessite beaucoup de main d’œuvre avec ce savoir-faire. Le coût final d’un chantier peut donc être très élevé, bien qu’elle puisse faire l’objet de chantiers participatifs, comme il était d’usage autrefois. De même, il faut inclure dans les coûts du projet la préparation de fondations 100 % étanches pour éviter les remontées d’humidité par capillarité. On dit qu’il faut « de bonnes bottes et un bon chapeau ». Ici, les fondations et le soubassement sont les bottes.

Le climat : très sensible à l’eau, la terre crue se manipule idéalement dans des régions épargnées par les pluies diluviennes et de préférence pendant la période estivale. Les débords de toits sont à privilégier (le chapeau). De plus, le temps de séchage optimal d’une construction peut être très long (jusqu’à plusieurs mois à l’air libre). Vous ne trouverez presque jamais de maison en terre en front de mer. Dans les terres de l’Ille-et-Vilaine, la Mayenne et la Normandie, celles-ci sont encore debout !

La terre crue vous tente pour votre projet de construction ?