Précédemment, dans notre blog…
Dans l’épisode précédent, nous avons vu que l’architecture japonaise avait été largement influencée par les religions asiatiques. Nous avons également évoqué la nécessité d’adapter les constructions à une nature parfois capricieuse. Que s’est-il passé depuis les débuts de la période industrielle jusqu’à nos jours ? Continuons notre voyage dans l’histoire de l’architecture japonaise pour le savoir.
L’inspiration occidentale : un tournant esthétique et technique
C’est pendant l’Ere Meiji (1868 – 1912) que l’architecture japonaise amorce un grand changement stylistique et que l’influence occidentale commence à marquer les bâtiments.
Dès la fin du 19ème siècle, des architectes allemands et britanniques de renom supervisent la construction de bâtiments. Le style colonial a également connu un grand succès à cette période.
Un vaste plan de modernisation de Tokyo est mis en place après l’incendie dévastateur de 1872 : la pierre et la brique réfractaire deviennent les matériaux les plus couramment utilisés en construction.
Exemple de ce tournant esthétique et technique, le Ryōunkaku, ou « pavillon surpassant les nuages ».
Construit en 1890 dans le quartier d’Asakusa à Tokyo, le tout premier gratte-ciel du pays était équipée d’un système révolutionnaire : un éclairage électriques et des ascenceurs. Pour l’époque, c’était incroyable !
Véritable prouesse technologique, cette solide tour de 12 étages n’a pas tremblé lors du séisme de 1894. En 1923, un tremblement de terre de magnitude 8 a soufflé l’intérieur de l’immeuble, laissant ses parois de brique rouge quasiment intactes.
Il aura fallu une journée entière et une grande quantité d’explosifs pour venir à bout du reste de cette tour à la structure quasiment indestructible !
Si l’esprit japonais s’invite en France, notamment avec Charlotte Perriand, qui a fait partie de l’équipe de Le Corbusier (elle a dessiné des mobiliers inspirés par ses nombreux voyages au Japon), les styles et inspirations occidentales arrivent massivement au Japon au tournant du 20ème siècle. Les architectes locaux s’en imprègnent pour mieux créer leur propre esthétique, qui s’est imposée sur la scène internationale après la Seconde guerre mondiale.
Retenons un nom, celui de Kenzo Tange : il a influencé en grande partie le grand plan de reconstruction de 13 villes japonaises après la guerre et il a conçu de nombreux bâtiments au style épuré, en béton brut, pierre et verre.
Fuji TV (Tokyo), conçue par Kenzo Tange. Crédit photo : Vincent Dumont
Design avant-gardiste et matières originales : l’architecture japonaise monte sur le podium international
Signe de l’influence grandissante des architectes japonais, la Conférence mondiale du design s’est tenue pour la première fois à Tokyo en 1960. Elle a vu la naissance du Mouvement Métaboliste, fondé sur une idée révolutionnaire : l’architecture doit désormais apporter des réponses à la densité de population des métropoles et à l’accroissement des flux, à travers une vision à la fois organique et technologique.
Comme si les bâtiment devaient être développés comme des êtres vivants… Concrètement, ce mouvement a donné naissance à d’immenses structures extensibles et modulaires, par exemple des immeubles composés de capsules.
Le grand séisme de Kobe en 1995 a permis le développement de solutions architecturales à la fois utilitaires et minimalistes, comme des structures tubulaires en carton pour construire rapidement des abris temporaires. Une église en carton, montée en quelques semaines seulement, a inspiré d’autres constructions d’urgence sur des sites touchés par des catastrophes.
Hiroshima Orizuru Tower (Sambuichi Architects).
Crédit photo : Laura Perréard
Mode Gakuen Cocoon Tower (Tange Associates), Tokyo.
Crédit photo : Vincent Dumont
Les grandes manifestations internationales, comme les Jeux Olympiques de Tokyo, ont aussi représenté des vitrines d’exception pour le design architectural.
Gymnase de Yoyogi. Crédit image : Wikipedia
En 1964, le gymnase national de Yoyogi a marqué les esprits, avec son toit suspendu et sa conception rappelant les sanctuaires shintoïstes traditionnels.
En 2020, c’est vers le nouveau stade national conçu par Kengo Kuma que tous les yeux se sont tournés. Véritable hommage à l’architecture ancestrale japonaise, le bois fait partie intégrante de sa structure, aux lignes douces et fluides. Des essences provenant des 47 préfectures du pays composent le bâtiment, pensé pour s’intégrer harmonieusement avec son environnement tout en démontrant l’excellence des techniques architecturales japonaises d’aujourd’hui.
Musée Suntory Tempozan, Osaka. Crédit photo : Laura Perréard
Au fil du temps, l’esthétique japonaise s’est mêlée aux styles occidentaux, conférant aujourd’hui au Japon une place de leader de l’architecture mondiale. Si l’on devait résumer ses grands principes en quelques mots, nous choisirions évidemment le bois, la fonctionnalité, l’attention portée aux formes naturelles et simples, la prouesse technique et le souci constant d’adapter les bâtiments à leur environnement géographique, climatique, mais aussi social et culturel.
Des principes que nous avons à coeur de partager dans notre quotidien et de transmettre dans chacun de nos projets.
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